J1
J'appréhendais énormément mon arrivée à la capitale. Cela fait presque 1 mois que je vis entourée de nature, d'air pur et de beaux paysages et l'idée de retrouver l'atmosphère pesante de la ville suffit à me faire perdre le sourire. Et pourtant, je suis assez surprise de constater que Vientiane est une capitale à taille humaine, espacée, avec une jolie architecture. Totalement différente de Phnom Penh, pour mon plus grand bonheur. Je décide de m'arrêter dans un café avant de partir en quête d'une guesthouse et quelle ne fut pas ma surprise de retrouver Marina, la francaise que j'avais rencontrée sur le plateau des Bolovens.  Ca fait toujours plaisir de revoir des têtes connues quand on arrive dans un nouvel endroit et il faut croire qu'au Laos, on suit tous la même route car à mon arrivée à la guesthouse, je tombe sur Hubi, fraîchement arrivé des 4000 îles. Il m'avait dit qu'il monterait à la capitale pendant son séjour et je suis contente qu'on s'y soit retrouver au même moment. Nous décidons d'aller fêter nos retrouvailles au coeur du festival de Vientiane. Si j'avais été impressionnée par celui de Thakhek, il n'est rien par rapport à celui là. Nous sommes comme des enfants dans ce monde de lumières, de couleurs et de musique. Hubi est incontrôlable et tous les stands de tir y passent. Heureux qui comme Hubi réussira à me gagner une monstrueuse petite peluche au tir à la carabine!!  Nous retrouvons immédiatement cette complicité de Don Det. Ca fait du bien de pouvoir avoir de vraies attaches pendant un voyage, parler de soi, de sa famille, de ses amis et d'aller au-delà de l'habituel «tu voyages où? Pour combien de temps?». Cette première journée se terminera au sommet d'un immeuble, une bonne beerlao, en belle compagnie. 

J2
Programme du jour : faire mon visa pour le Myanmar. Je  saute dans un tuk-tuk durement négocié en direction de l'ambassade. Mon chauffeur est adorable mais je découvre bien vite qu'il n'a aucune idée de l'endroit où nous devons aller. Je prend donc les choses en main en lui indiquant le nom des rues mais à chaque fois, il m'emmène en face des temple  portant les mêmes noms. Je commence à m'impatienter et décide donc de trouver par moi-même, que cela prenne 5 minutes ou 3 heures. Parfois, il faut avoir l'oeil car sans  le faire exprès, le tuk-tuk me dépose à 20 mètres de l'ambassade. Effectivement, une petite maison Blanche avec un portail fermé et une plaque illisible, ça n'attire pas forcément l'oeil quand on pense «ambassade». Une demie heure plus tard, mon visa est en cours et je rentre à la guesthouse. Hubi n'est pas d'humeur festive aujourd'hui et part en solitaire pour un bon massage relaxant. Chanceuse comme je suis, ma soirée solo se transforme en soirée duo quand sur la route, je croise Marko, un autre allemand que j'avais rencontré à Siem Reap. Décidement !! Après quelques bières, je rentre à la guesthouse et propose à Hubi d'aller faire une petite promenade nocturne pour lui changer les idées. On tombe sur le stade national du Laos et étonnamment,  les grilles sont ouvertes, nous laissant libre accès à la pelouse. Forcément, nos âmes d'enfants jaillissent une nouvelle fois. Nous sommes joueurs de foot professionnels, acrobates ou stars du rock devant une foule en liesse. Nous finissons allonger en plein milieu du stade à savourer ce moment unique!

J3
Des courses de bateaux sont organisées sur le Mekong aujourd'hui. Nous nous décidons à braver la foule et la température pour aller y jeter un coup d'œil. Après une bonne heure de marche sous un soleil de plomb, nous sommes déçus par l'ambiance de la course. 3 bateaux seulement, une foule passive, une chaleur assommante et pas un seul coin d'ombre. Le premier bar sera le bon. Jamais 2 êtres humains n'auront autant aimé les glaçons qu'à ce moment :) 
Une sieste s'impose avant de retourner à nos écrits, en attendant que la température baisse pour bien profiter de la soirée. 
Ne me demander pas pourquoi mais ce soir, j'avais envie de spaghettis bolognaises. Nous trouvons rapidement une petite terrasse où nous passerons la soirée. Je me sens vraiment bien à ses côtés, je m'ouvre , partage mes doutes, prend conscience du nombre de sentiments qui rythment mon quotidien ici. On se découvre, on se comprend et on se sent libérés. 

J4
Petite escapade culturelle au Musée national ce matin. Je suis heureuse de pouvoir enfin comprendre l'évolution du pays. Le Laos a été meurtri par les guerres, en témoignent les nombreuses armes et peintures des massacres commis par les français par exemple. Je ressors grandie de ce musée, consciente de ce que les laotiens ont enduré et endurent toujours. 
Je passerais mon après-Midi dans un petit café du centre-ville, à boire des banana shakes, lire et écrire. Je me laisse aller au rythme de la capitale et je prend mon temps. 
Pour le dîner, Hubi rêvait d'un steak et j'aurais tout fait pour un verre de vin rouge. Nous ne mettrons pas cinq minutes à trouver ce charmant restaurant français et, en fermant les yeux sur les prix, nous commandons les plus gros steaks possibles, sauce vin rouge-échalote pour moi, accompagné d'un grand verre de Bourgogne :) La française que je suis est aux anges !! Ce dîner a un goût de au revoir assez étrange, Hubi veut partir demain  mais aucun de nous ne veut voir cette parenthèse se refermer. Nous faisons de ce moment un souvenir unique. Quitte à passer la soirée dans un restaurant français, autant parler français et aussi surprenant que cela puisse être, cet allemand ne se débrouille pas si mal, c'est même assez charmant :) Pour finir cette soirée en beauté, Hubi m'emmène voir l'arc de triomphe de Vientiane. Une magnifique réplique asiatique des champs Élysées, s'en est très perturbant! 
Sur le trajet du retour, allez savoir pourquoi, je suis attirée par un vieux portail rouillé. Je grimpe pour voir ce qui se cache derrière mais deux secondes plus tard, Hubi me tire en arrière. Un énorme serpent de 80 centimètres est entortillé dans les barreaux à cinq centimètres de mes pieds. WTF!!! En plein milieu de la ville!! Nous sommes choqués mais nous le sommes encore plus quand trois vietnamiens le délogeront de sa cachette et l'embarqueront comme une simple corde vers un destin inconnu!  Quelques bières en japonaise compagnie pour nous remettre de nos émotions et dodo. 

J5
Je me réveille ce matin, la boule au ventre de devoir dire au revoir à Hubi. Je le retrouve pour le petit déjeuner, nous parlons et le temps passe. Le temps passe mais Hubi reste. Il a finalement décidé de repousser son départ pour passer une journée supplémentaire avec moi. 
Sandwichs, sieste et bar belge avec une bonne chouffe au programme. 
Je me décide à prendre mon ticket de bus pour Vang Vieng. 

J6
J'aurais passé 5 jours formidables avec Hubi et je passe rapidement sur les au revoir pour ne pas pleurer. Hubi m'a vraiment ouvert les yeux sur la personne que je voulais être, il m'a fait changer, m'a redonner confiance et force pour continuer sereinement ce beau voyage. La parenthèse se ferme finalement mais je sais que nos chemins se recroiseront, ici ou ailleurs.