J1
Nous arrivons fatiguées par ce long trajet de bus. Une bonne douche, quelques cigarettes et nous voilà parties à la rencontre de Nyaung Shwe. L'air est beaucoup plus doux ici, le temps est venu de remettre ce pull si profondément enfoui au fond de mon sac. Oui, je m'offre maintenant le luxe de grelotter en dessous de 25°. Le retour en France risque d'être compliqué en cette période  hivernale. Petite ville paisible, à quelques kilomètres du fameux Lac Inle. L'impact du tourisme y est visible; de grands hôtels en construction, des agences de voyage à foison, des petites boutiques souvenirs ... Et pourtant, la ville continue de s'animer au rythme birman. Des amis réunis autour d'une bière dans une petite échoppe de rue, chiquant le bétel et dégustant ce fameux buffet qui me met l'eau à la bouche. Nous nous joignons à eux, partageons une bière avec un anglais solitaire puis rentrons nous pelotonner dans notre lit tout chaud, pressée de profiter du lendemain. 

J2
Aujourd'hui, journée à vélo. Nous partons à la découverte du Lac Inle. Au programme: visite de quelques pagodes, petits villages, producteurs de cacahuètes et tofu et panoramas incroyables sur le lac. Un peu du sport ne fait pas de mal, bouger, s'aérer, pouvoir s'arrêter quand on le veux, profiter de  paysages et faire de belles rencontres, fumer une cigarettes, papoter puis reprendre la route. J'aime cette sensation de liberté dans le voyage, ne dépendre de personne, aller à son rythme, se perdre pour tomber sur l'inattendu et rêver les yeux ouverts... Je voyage vite au Myanmar et je commence à fatiguer. Je n'ai que 18 jours pour visiter un pays qui mériterait d'y passer des mois. Je me suis décidée à aller passer 10 jours dans un centre de meditation à Yangon. Une belle expérience que je veux vivre. M'isoler quelques temps, prendre du recul sur cette aventure, discerner les illusions du réel, approfondir cette belle introspection que j'ai commencée il y a maintenant 2 mois ou seulement me libérer l'esprit de toute préoccupation et d'éveiller davantage. 
Si nous avons rejoins si rapidement le Nord du Myanmar, c'est pour assister au Tazaungdaing Festival marquant la fin de la saison des pluies et le début de l'hiver. Nous prenons un taxi en direction de Taunggyi. Je m'attendais à assister à un petit festival, au milieu des montagnes à regarder de belles  montgolfières s'envoler, assise dans un champ en buvant une Myanmar Beer. Loupé! Dès la sortie de Nyaungshwe, l'ambiance festive se fait ressentir. La route est pleine de camionnettes et scooters remplis de gens se rendant au festival. Nous nous approchons de Taunggyi et je perçois les premiers sons, puis les premières lumières et je réalise enfin l'ampleur de l'événement. 
Une véritable fête foraine, des stands de bières et whisky, de la street food dans tous les recoins, des concerts, des néons fluorescents de toute part, des grands roues ayant pour seul moteur la force humaine, des milliers de birmans euphoriques mais surtout ces sublimes ballons gonflés à l'air chaud qui illuminent  le ciel.
Une semaine de festivités durant laquelle plusieurs équipes représentant les différents quartier de Taunggyi, après s'être préparées pendant 1 an, doivent réussir à faire voler le plus beau ballon.
A tour de rôle, c'est en fanfare que chaque équipe arrive sur la pelouse centrale. Les bougies s'allument, plusieurs hommes arrivent avec des torches en feu
(un peu comme ca :) : https://youtu.be/U20VIrMZxzM)
Le ballon se gonfle, puis s'envole, illuminant le ciel puis s'envolant vers de nouveaux horizons quand d'autres prennent feux et viennent s'écraser sur un restaurant ou une scène de concert quelques metres plus loin... Mais rien n'arrête ces birmans desinhibés par les litres d'alcool ingurgités toute la soirée durant. C'est maintenant le tour des ballons à feux d'artifices. En temps normal, les feux d'artifices sont fait pour être lancés depuis la terre pour exploser dans le ciel. Je vous laisse imaginer un bouquet final du 14 Juillet projeté depuis le ciel. Une véritable mutinerie!! Tout le monde fuit, tente d'esquiver les projectiles mais tout ca dans une ambiance décontractée, les pompiers veillent, en stagnantes jolies jeunes filles, court vêtues :) Assez d'adrénaline pour le moment! Un gros concert attiré notre attention et nous nous engouffrons dans cette foule surexcitée. En comparaison à la jeunesse cambodgienne ou laotienne, du moins pour ce que j'en ai vu, les birmans sont complètement libérés. Ils aiment faire  la fête, danser, chanter sur leurs morceaux préférés. Ils boivent, fument, rigolent mais plus que tout, ils aiment prendre des photos et nous en feront très vite les frais. Un selfie par ci, un autre par là, une photos de groupes puis peut être encore une... Sans mentir, au moins 60 jeunes doivent avoir une jolie photo de moi sur leur portable. Nous attirons presque plus l'attention que ce chanteur qui se démène depuis des  heures sur scène. Finalement, nous ressentons ce que beaucoup de locaux vivent tous les jours quand un touriste un peu trop oppressant braque son monstre à quelques centimètres de leurs visages. La fête continue, nous dansons jusqu'à n'en plus puis reprenons la route pour Nyaung Shwe, des bougies encore plein les yeux!

J3
Besoin d'une matinée au calme. Je m'installe à un tea shop, écris, me balade dans la ville, profite au ralenti, simplement. Quand je me sens d'humeur mouvante, je loue un vélo et pars vers le Nord. Un magnifique temple de teck m'attends au bout de  la route, des femmes remuent le maïs qui sèche au soleil depuis le petit matin, un moine tchatte sur Facebook à l'ombre d'un arbre puis le soleil se couche sur les derniers ouvriers construisant à coups de pelle la future belle route goudronnée me ramenant au village. Je rejoins Manuela pour une soirée théâtre. Un retour aux traditions birmanes oubliées avec ce joli spectacle de marionnettes spécialement reconstitué pour les touristes. Très mignon, coloré, drôle... Tout ce dont j'avais besoin pour continuer à me détendre. 

J4
J'ai probablement assisté au plus beau levé de soleil de ma vie ce matin. Le Lac Inle, cette belle barque bleue, les montagnes, le silence et nous... Le ciel revêt ses plus belles couleurs rosées et nous regardons, paisibles, le paysage s'animer. Les pêcheurs arrivent, lançant leur filet, debout à l'avant du bateau, maniant la rame du bout du pied. D'autres ont de grandes cages renvoyant à mon imaginaire rêvé de l'Asie.Il fait un froid polaire, nous sommes recroquevillées  dans nos grosses couvertures de laine, osant à peine sortir le moindre petit doigt pour prendre un joli cliché... Cette promenade continue au milieu des villages flottants, dans ce Venise birman. Pas de terre ferme, seulement des maisons sur pilotis, des barques en guise de voiture, une épicerie, une poste et c'est tout !!! Ce monde est si riche de contrastes. Certaines personnes vivent encore dans des cabanes branlantes quand d'autres ne jurent que par ces grands lofts du centre-ville. Certains savent se satisfaire des richesses de la vie quand d'autres attendent d'elle qu'elle leur donne tout.
Nous rentrons nous réchauffer à la guesthouse et attendons notre bus de nuit pour Hsipaw.