J1
Mon aventure chinoise commence aujourd'hui. Je pars quelques jours dans le Nord de la région, profiter de cette escale portugaise pour decouvrir la Chine. Ici, personne ne parle anglais et évidemment, je ne parle pas un mot de mandarin. Je suis livrée à moi même, comme sourde et muette pendant cette escapade. Mon guide sera mon meilleur ami. Grâce à son petit dictionnaire, je trouverai  rapidement  un taxi pour m'emmener a la station de bus puis achèterai sans problème mon ticket de  bus pour Shangri La.
Je découvre les paysages chinois à travers la buée qui commence déjà à recouvrir les vitres. On monte en altitude et la température commence à  baisser. Ces montagnes impressionnantes signent le début de la chaîne de l'Himalaya. Pourtant, je suis bien surprise de contempler la folie destructrice des chinois. Les montagnes sont saignées à blanc, dépecées, éventrées pour satisfaire aux besoins du commerce et de l'industrie agricole. Les rivières sont asséchées, de nombreux barages sont construits et toute l'Asie en souffre, notamment concernant le Mekong. Certains villages sont délocalisés pour permettre la construction de route et de nombreuses centrales électriques recouvre le paysage. La campagne dans le Yunnan, c'est ça... Nous arrivons sur le plateau de Deqen, à plus de 3000 mètres d'altitude. Changement d'atmosphère radical, nous nous sommes rapprochés du Tibet! De jolies petites maisons blanches, quelques yacks sur les bords de route, des drapeaux de prières giflés par le vent, un groupe assis autour d'un feu de bois. Il fait froid mais ça vaut le coup. Je touche du doigt un autre rêve de voyage: aller au Tibet. Je n'ai juste pas le temps et les moyens d'y aller aujourd'hui mais ce petit aperçu me donne deja envie de revenir. 
Vers 15h, nous arrivons à Zhongdian renommé Shangri-la pour relancer le tourisme dans la région. La ville n'a effectivement que peu d'intérêt: une large avenue, quelques passants et moi, seule touriste ayant bravé le froid glacial pour venir jusqu'ici. Je décide de marcher dans la ville pour trouver ma guesthouse plutôt que de céder à la tentation de prendre un taxi. Une très bonne idée en soit, je trouve un certain charme à cette ville déserte. Quelques boutiques fourmillent de bibelots bouddhistes, les rares personnes que je croise me sourient, de bonnes odeurs de soupe chinoise à tous les coin de rue, un marché. Finalement, Shangri La vit juste au ralenti... J'arrive dans la vieille ville. Un enchevêtrement de belles bâtisses en bois gravées, plus ou moins anciennes, des restaurants et boutiques souvenirs un peu partout. C'est ici qu'est censée être ma guesthouse. Problème: Impossible de la trouver et mon portable vient de rendre l'âme. Dépatouille-toi Marie! Facile dans un pays où tous les panneaux sont écrits en chinois et où personne ne parle anglais. Je parcours les rues à la recherche d'un signe, je marche encore et encore et au bout d'une heure, je me décide à entrer dans ce grans hôtel pour demander mon chemin. Même rengaine, personne ne me comprend et c'est après mimes et écrits que la réceptionniste finit par appeler ma guesthouse. Dix minutes plus tard, un petit bout de femme vient me chercher. Quel joli endroit! Une maison tibétaine traditionnelle, de beaux tags aux murs, des drapeaux de prières au plafond. Le matelas chauffant dans mon lit suffit à me convaincre car oui, qui dit vieille maison dit mauvaise isolation. Il fait presque 0 degrés dans la chambre! Je passerais ma soirée autour du poêle, à écrire et à boire du thé bien chaud pour sauver mes  petits doigts congelés!

J2
Je met du temps à sortir de mon lit tout chaud ce matin. Me froid me fouette déjà le visage et je ne suis pas prête. Et pourtant, de belles decouvertes m'attendent à l'extérieur. Je m'habille sous ma couette, zappe la douche et cours prendre mon petit déjeuner  près du poêle. Céréales, lait de yak et café, je feuillette mon guide puis finalement décide de me laisser porter. Premier arrêt dans une boutique pour m'acheter des gants. Je n'étais absolument pas préparée pour le Grand froid et encore moins pour la neige qui commence à tomber finement. Un des seuls panneaux écrits en anglais indique la direction d'une lamaserie. Pourquoi pas? Ça peut être sympa de voir pleins de petits lamas en Chine. A mon arrivée, je trouve que ces petits animaux ont une bien drôle d'allure, chauves avec leurs robes safranées. Je n'avais pas fait le lien avec le Dalaï lama et comprend alors que c'est ainsi qu'on appelle les moines ici. J'arrive donc dans un monastère tibétain et pas n'importe lequel! Une miniature du Potala de Lhassa trônant majestueusement au bord d'un lac!! Je passeraid des heures à m'y balader, découvrant des temples magnifiquement décorés, une atmosphère totalement différente des autres lieux de culte que j'ai pu voir au cours de mon voyage. Mandalas, noeuds sans fin, guirlandes, tissus, encens et or... Ces couleurs chaleureuses m'émerveillent. Il est temps de rentrer. Encore une fois, je passerais ma soirée en solitaire. Ça fait du bien parfois d'être dans sa bulle, face à soi même. C'est aussi pour ça que je suis partie seule en Asie. Je me ressource ici, je me sens bien mais la ville semble m'avoir donné tout ce qu'elle avait. Demain, je bouge !