J'ai comme le sentiment que chaque pays doit commencer par une mauvaise expérience. Après le casino illégal, c'est au tour de la frontière infernale!! La veille, J'ai booké mon trajet dans une petite agence. Le billet comprenait le pick-up à la guesthouse, le bus jusqu'au port des 4000 îles et le bateau pour Don Det. Ce, pour la modique somme de 16$, autant dire rien à côté des 25$ que certains ont dépensé pour le même trajet !!! Tout est aléatoire au Cambodge, même les prix :p
Je me réveille donc le coeur léger, un peu déçue d'écourter mon voyage au Cambodge mais si heureuse de changer d'atmosphère. Je boucle mon sac et m'installe tranquillement à une table pour prendre mon petit déjeuner. En moins de 2 secondes, un tuk-tuk driver se jette sur moi et me demande de monter dans son tuk-tuk pour m'emmener au lieu de rendez-vous du bus. Je n'ai pas bu mon café, je n'ai rien dans le ventre et ce changement  de programme me semble bien bizarre. Je deviens aussitôt méfiante, j'essaye de comprendre mais rien n'y fait, je suis obligée de monter dans ce tuk-tuk!  Allez comprendre la logique mais le minibus fera exactement le pick-up prévu dans les différentes guesthouse (mais ca, c'est seulement pour ceux qui ont payé le prix fort). Après moultes arrêts, pour acheter bières, riz et autres broutilles, nous prenons ENFIN la route ou du moins ce qu'il en reste. C'est un véritable parcours du combattant (boue, trous, camions accidentés ou embourbés...). Nous mettrons peut-être 2h à parcourir les 50km qui nous séparent de la frontière. Heureusement, l'atmosphère dans le bus est géniale - un couple néo-zélandais qui emmène tous les ans leurs trois enfants découvrir le monde, deux anglaises qui se sont rencontrées au Vietnam et qui poursuivent leur voyage ensemble et un allemand en solitaire. Tout le monde parle, fait connaissance, passe le temps avant d'aborder cette frontière tant redoutée. Comme je l'avais anticipé, le bus s'arrête quelques mètres avant le poste frontière dans une échoppe lambda, tout sauf officielle. Un soit-disant officier nous installé autour d'une table pour que nous puissions remplir les papiers administratifs. Il parle vite, nous presse pour qu'on lui donne argent et passeport car il est tard et le poste frontière doit bientôt fermer. Je sens le traquenard. Jan, l'allemand, bien renseigné sur ces pratiques frauduleuses, décide de partir seul au poste mais face à la menace de l'officier de ne pas avoir de bus de l'autre côté de la frontière si nous décidons de partir seuls, je me ravise. Il est 17h, il commence à faire nuit, je suis fatiguée et je n'ai pas envie de me retrouver dans une énième galère. Je paierais 10 dollars de plus que le prix officiel pour les sois-disants droit d'entrée et de sortie et pour le timbre. Chacun paie un prix différent et l'officier est incapable de nous expliquer clairement pourquoi. Corruption es-tu là? Oui mon enfant! Anthony, le père de famille , décide de prendre les choses en main et insiste pour que nous accompagnons l'officier au poste pour garder une oeil sur notre argent et nos passeports. Plus d'une heure d'attente avant d'obtenir ce fichu visa! Le Saint-Graal en poche, nous franchissons enfin cette frontière, persuadés d'en avoir fini avec ces filouteries. Nous retrouvons Jan qui nous attend sagement, une bière à la main, inquiet de nous voir arriver si tard. Un bus nous attend et nous emmène jusqu'à Ban Nakasang, la ville portuaire desservant les 4000 îles. On s'arrête pour retirer de l'argent mais en voulant remonter dans le bus, le chauffeur refuse de repartir si nous ne lui donnons pas chacun 10€ car il estime qu'il est tard et qu'il a fini sa journée de travail. Le ton monte, nous sommes fatigués, les enfants sont effrayés, le chauffeur menace d'appeler la police. Finalement, nous décidons de nous débrouiller tout seuls, nous reprenons nos sacs et partons à la recherche du port. 500 mètres plus loin, le Mekong, enfin!!!! Nous sautons dans un bateau et en quelques minutes, nous arrivons sur Don Det. OUF ! Nous explosons littéralement de joie et nous décidons d'aller fêter la fin de cette mésaventure autour d'un bon dîner et d'une bière bien fraîche. 
Laos, me voilà !!